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Les États-Unis remplacent momentanément le facteur "kurde" par le facteur "turc"

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)
Recep Tayyip Erdogan, le président turc. (Photo d'illustration)

C'est sous le prétexte fallacieux de combattre Daech que l'armée turque a débarqué dans une zone longue de 80 kilomètres située à 24 kilomètres à l'intérieur de la Syrie : cette zone s'étend de Jerablus à Azaz et longe toute la partie nord de la province d'Alep.

Ankara a poussé les Kurdes à quitter l'ouest de l'Euphrate sur fond de désaccords avec les Américains. Cela dit, la Turquie ne cache pas son désir de se diriger droit vers la ville d'Al-Bab à 40 kilomètres du nord d'Alep pour lancer à partir d'elle une "opération conjointe avec Washington contre Raqqa", bastion des terroristes de Daech.

La bataille acharnée à Alep va à l'avantage de l'armée syrienne.

Les retrouvailles Turquie/OTAN à Inçirlik, la prise de position du secrétaire général de l'OTAN en faveur d'Ankara et de son opération dans le nord d'Alep prouvent que le scénario qui se joue en ce moment en Syrie va bien au-delà de la parodique lutte contre Daech ou encore contre les ambitions indépendantistes des Kurdes : pour dire la vérité, les frontières turco-syriennes se sont transformées en des zones de tensions entre la Russie d'une part, et l'OTAN et les États-Unis d'autre part.

Le projet kurde, si cher aux Américains, semble désormais en rade. Washington aime mieux, à ce qu'il paraît, parier sur le facteur turc : les évolutions en cours au sud d'Alep, ainsi que dans le nord de la province de Hama, la rupture de la route stratégique de Castillo et avec tout ceci, l'encerclement total des terroristes dans l'est d'Alep donne des raisons d'être plus prudent. D'autant plus que les combats font rage dans la banlieue de Damas, que les forces syriennes et leurs alliés continuent à avancer dans le sud de la Syrie, à Deraa et que la Russie met une double pression pour que les États-Unis cessent leur jeu trouble et qu'ils distinguent enfin les vrais terroristes. Il vaudrait mieux donc compter sur la Turquie, pour ce qui est des évolutions dans le Nord syrien.

Or paralysée par une cécité stratégique incroyable, la Turquie s'est fait piéger : elle s'est engagée dans le bourbier syrien en se mêlant des combats dans l'est d'Alep et en cherchant à sa manière à "rouvrir une voie de communication pour les terroristes depuis la Syrie vers la Turquie. C'est ce levier de pression turc qui a fini par convaincre Poutine de lâcher du lest à Genève.

L'Allemagne de retour à Incirlik, base aérienne en Turquie. (Photo d'illustration)

Car force est de constater que ce jeu du chat et de la souris que mènent depuis 5 ans les États-Unis contre Daech et consorts a perdu toute efficacité stratégique. C'est sans doute un moyen tactique efficace que de vouloir s'infiltrer au cœur du territoire de pays souverains au nom de la lutte contre les terroristes mais l'efficacité en reste là et ne va pas plus loin. Face à la fulgurante avancée de l'axe de la Résistance sur la quasi-totalité des fronts, les États-Unis ont donc été amenés à introduire un nouvel acteur sur la scène syrienne, quitte à envoyer un message clair aux Russes.

Cet acteur s'appelle Erdogan, homme qui à la faveur du coup d'État raté du 15 juillet s'est attiré la sympathie de ses ennemis et qui à présent se dit prêt à "former une zone tampon dans le nord de la Syrie", à s'engager dans la bataille pour libérer Raqqa ou Mossoul.

Un simple regard sur l'arsenal logistique que l'OTAN met en ce moment au point sur les frontières turco-syriennes, conjugué à la présence désormais manifeste de l'Allemagne, ne laissent aucun doute : l'OTAN est sur le point d'assurer un soutien militaire au nouvel aventurisme d'Erdogan en Syrie. Il est fort possible que la Turquie finisse très rapidement par décréter une zone d'exclusion aérienne ou une zone tampon dans le nord de la Syrie. Le front de combat otanien contre la Russie n'est donc plus désormais l'Ukraine mais bel et bien la Syrie.

La trêve que les États-Unis ont arrachée samedi soir à Genève vise en réalité à endiguer les opérations cruciales des unités militaires de la Syrie, de la Russie et de la Résistance contre les terroristes. Il s'agit encore une fois de restaurer les rangs quasi défaits de ces derniers et, partant, de justifier le face-à-face de la Turquie avec ces derniers aussi bien à Raqqa que dans le nord d'Alep. Dès lors, les terroristes auront à se replier à Hama, là où l'armée syrienne et ses alliés ont déjà presque gagné la guerre.

Genève n'a jamais été porteur de paix ! Toute trêve venue de là contient en soi les germes d'une escalade du conflit. Ankara désormais directement impliqué, il ne reste aux États-Unis que de faire débarquer les troupes saoudiennes en Syrie, via les frontières méridionales pour concrétiser ce qu'ils ont qualifié dans la foulée du 11 septembre 2001, de "chaos généralisé au Moyen-Orient".

Source: Fars News

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SOURCE: FRENCH PRESS TV